Le Bashing de la présidence

Le bashing (mot qui désigne en anglais le fait de frapper violemment, d'infliger une raclée) est un néologisme d'origine anglophone utilisé pour décrire le « jeu » ou la forme de défoulement qui consiste à dénigrer collectivement une personne ou un sujet. Lorsque le bashing se déroule sur la place publique, il s'apparente parfois à un « lynchage médiatique ». Le développement d'Internet et des réseaux sociaux a offert au bashing un nouveau champ d'action, en permettant à beaucoup plus de monde de participer dans l'anonymat à cette activité collective.

A priori, il n'existerait pas de mot français pour dénigrer le président qui est hors de vous satisfaire. Le concept est donc obligatoirement étranger, de l'autre bord, et par effet de manche, nécessairement de l'opposition.

À l'inverse de ce qu'affirme Manuel Valls : "Je suis fatigué, un peu écœuré, des critiques, des petits mots, des petites phrases à l'égard du président de la République." (mardi dernier, sur BFMTV et rapporté par le JDD ), ce n'est par le 23ème président de la république, Nicolas Sarkozy qui dévalorise la fonction présidentielle, mais François Hollande lui-même.
Dans la suite du propos du JJD, la question n'est pas de mettre en question la capacité ou l'incapacité de François Hollande à mener son quinquennat jusqu'à son terme, ni d'évoquer les sondages et son impopularité record, mais de comprendre la mise en cause ou la remise en cause permanente du chef de l’État en poste. Car cet état de fait est hors de dater du quinquennat actuel.

Manque de respect des institutions

Ce "Manque de respect des institutions" n'est pas lié aux résultats catastrophiques du Parti socialiste aux élections européennes. Ainsi Bruno Le Roux, président du groupe PS à l'Assemblée, sur RTL, s'il n'explique rien, ne cherche rien ni à comprendre ce qui a lieu.
Pas plus d'ailleurs que l'ancien ministre de l’Économie, Pierre Moscovici, interrogé lundi par LCI, ni même Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, sur Public Sénat.

C'est donc par des rappels d'évidence qu'ils poursuivent : "Il faut respecter la fonction présidentielle. Il faut respecter les institutions. Le président de la République est la clé de voûte des institutions", estime Pierre Moscovici. "Je pense qu'il y a un manque de civilité et de respect des institutions et quelque part de la démocratie dans notre société politique. On peut dire des choses critiques sans remettre en cause la personnalité du chef de l’État", approuve le secrétaire d’État aux relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, invité de France Info mercredi.

Et Olivier Faye, du leJDD (vendredi 06 juin 2014 ), de conclure, en reprenant les propos de Jean-Marie Le Guen : Ce dernier explique par ailleurs la source de la défiance contre le chef de l’État par… l'attitude de son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, coupable à ses yeux d'avoir dévalué la fonction. "Il est vrai qu'on a vu dans un moment précédent le président de la République tenir des propos à la fois agressifs et relativement vulgaires vis-à-vis d'un certain nombre de nos compatriotes." Ou quand le "Hollande bashing" réveille le "Sarko bashing".

Jean-Louis Debré plus récemment invité de l'émission d'Europe 1 Mediapolis, propos rapportés sur le Monde Politique critique l'ancien président Sarkozy : « On ne conteste pas les fondements de la justice » et cite des maximes de Balzac et de Beaumarchais.

Ce que Jean-Louis Debré ignore, c'est que justement, l'histoire, qu'elle soit de la république ou autre, s'écrit au quotidien. Et l'actualité, depuis longtemps fait apparaître que la justice, non seulement n'est pas exempte d'injustice, mais fait nouveau, qu 'elle est non seulement contestée mais contestable. Et il y a des murs sur lesquels elle l'a proprement signifié pour qu'il en soit ainsi.

Première remarque, personne n'évoque le respect du citoyen, a fortiori de la démocratie. Mais tous évoquent la république et les institutions, le régime et les lois ;

Président normal

Mais c'est vite oublier les affirmations de François Hollande, non seulement citoyen ordinaire, mais président normal !

François Hollande revendique d'assurer une présidence normale et consacre l'anaphore constituée des cinq mots « Moi président de la République », une litanie enfantine dont chacun des engagements peut être vérifié dans les deux années qui ont suivies.

Et le retour en arrière dans le temps, le « flash-back » peut se poursuivre …

À la question « Quel président comptez-vous être ? », de Laurence Ferrari, journaliste à TF1, François Hollande répond :

« Je veux être un président qui d’abord respecte les Français, qui les considère. Un président qui ne veut pas être président de tout, chef de tout et en définitive responsable de rien. ».

Ni respectueux, ni responsable, les mots sont hors de l'aveu, ils sont d'affirmation.

Si le président actuel ne préside rien, il aura tout fait pour faire endosser sa normalité par les autres, tous les Français et le leur faire payer très cher sa normalisation.

Ce qui paraît normal est de n'agir sur rien et de présider finalement qu'en présence ; une présence que les Français commencent à trouver, ainsi que celle de son prédécesseur, pour le moins encombrante et gênante.

Le Bashing répond au bashing

Comparé à un nouveau dictateur

@ agoravox.fr

Rudoyé comme une Tête de mort

@ delirius

De fait nous ne savons plus vraiment qui a commencé. Rechercher la cause, l'origine ou la source ne servent qu'à ajouter de l'huile sur un feu déjà suffisamment allumé.

Le débat, la polémique ou plus exactement la solution est de comprendre qu'il devient nécessaire de réformer le statut de la présidence.

Personne ne désire cette dernière alternative, car cette troisième voie échappe à la plupart, inscrit dans la contemplation béate de la tradition républicaine. Et c'est aussi la plus difficile à mettre en place.

Le bashing s'est ouvert et s'est porté des membres de la majorité et de l’opposition, des rangs du gouvernement et des assemblées vers les fenêtres ouvertes des réseaux sociaux. Et la vindicte populaire, hier presque discrète et jugulée, croît et s'accroît, de jour en jour, faisant vaciller les idées toutes faites.

Nous pouvons nous féliciter que même déformée, l'information passe, relayée par la Presse et Internet. Que nous comprenions bien, l'évolution va vers le plus direct. Les moyens d'information le facilitent et un processus de démocratie directe, complétant et se substituant à la démocratie représentative, est entamé. Le numérique a cessé d'être une simple réalité binaire. Si nous sommes en France, très loin de l'avoir assimilé, le monde qui nous entoure ne cesse d'en montrer les développements contre lesquels il serait illusoire de se réfugier ou d'y être étranger.