T'as beau écouter les gens,
Parler les langues de l'Orient
Au couchant, si tu ne mets
Le cœur en avant, c'est navrant.



T'a beau chanter la misère
Écrire des livres, tracer des vers
Te recueillir dans les cimetières
C'est pas la vie, c'est la poussière.



T'as beau danser les fêtes d'un soir
Te contempler dans le miroir
Oublier tout, beaucoup trop boire
C'est l'hilarant bonjour bonsoir.



T'as beau travailler au fil des jours
Accumuler bourse et tous les cours,
Courir de banque en doux séjours
Si tu es seul t'es pris de court.



T'as beau aimer l'un ou l'autre
Passer des heures projet les nôtres
Dans la lie tous deux se vautrent
En des mots, c'est toi, pas l'autre.

T'as beau construire une maison
Essayer de vivre avec juste raison
Allumer le feu, te chauffer au tison
Ouvrir les portes, il reste une cloison.



T'as beau penser large et grand
Des frontières béantes aux migrants
Il y passe quelques rares brigands
Qui abattent et jouent les intrigants.



T'as beau prier d'avoir charité
Ils ne jurent que par égalité
Et font payer à tous l'iniquité
Qu'ils proclament fraternité.



T'as beau agir, te souvenir
Des jours heureux, de l'avenir
Meilleur, échafauder, aboutir
Ils bousculent cela sans soupir.



T'as beau leur répéter la leçon
Pêcher ce qu'il faut à l’hameçon
Ils en veulent plus et des tessons
Coupants sur grève nous amassons.