Hier je pouvais encore et trop difficilement
Entendre tous les mots, les grands tourments,
Bref, les ravages faits de ma cave au salon,
Tous les meurtres et les vols à la télévision.

Puis sont venus les temps des pauvres disettes
Les discours de haine, les représailles miettes
Qui hachèrent les hommes, femmes et enfants
Pour en faire bidoches, manger de l'éléphant.

Cela n'a pas suffi, il a fallu aussi qu'amère,
Toutes les eaux s'écoulent sur mes terres,
Inondant mes vignobles, tous mes pâturages
D'un coup se trouvaient disparus mes paysages.

Enfin, la vermine sur les murs est apparue
Des jardins aux toits, les traces des viles rues
Les orties et les mousses, des herbes racailles
Ont envahi la grand'place, détruisant la rocaille.

Cet état de retour à une nature brute et folle,
Je l'ai vécu très proche et jusque dans mon bol.
Jadis j'avais le matin, je me souviens des faits
Un bon petit déjeuner, café, chocolat au lait,

Confiture, croissant au beurre et autres mets.
C'était le début d'un jour heureux, sans guillemets.
La radio égrainait des chansons entraînantes
Et nous partions alors d'une marche tonnante.

Nous étions très occupés à parler avec entrain
Des chefs et des patrons un peu parfois bourrins.
Ils avaient l'habitude de raccourcir nos pauses
Alors que nous fumions sans idées et sans causes.

Il n'y avait alors pas d'autre raisons, le grand soir,
Que de danser, de nous retrouver ou de s'asseoir.
En famille nous partagions avec des amis, voisins,
Ce que nous apportions : des victuailles et des vins.

Ce furent des fins de semaine si joyeuses et rapides ;
Nous n'avions pas le temps de les trouver insipides.
Les cheminées des usines continuèrent à brûler
Les horaires bien vite et les richesses accumulées.

C'est ainsi que nous laissions alors pour les vacances
Nos ouvrages, nos papiers, nos soucis, contredanses
Quelques impôts glanés par justes promotions au mérite
Qui commencèrent dans nos lieux à s'installer en gîtes.

S'ils n'étaient pas bienvenus, nous n'en avions cure,
La gêne occasionnée entamait que de peu notre sinécure.
Mêlés aux polluants que nous trouvions sur les côtes
Ils ne recueillaient aucun rejet de l'un ou par les hôtes.

201606120819 permalien #Hier encore#128#100